Les fonds souverains ont le vent en poupe sur le continent. L’Afrique en compte, aujourd’hui, plus d’une vingtaine et la tendance ne fait que se renforcer. Mais, en dépit de cet essor, le potentiel reste encore largement en deçà des attentes. par r.A
Longtemps restée en marge de cette tendance qui a caractérisé l’économie des pays développés et des pays émergents, l’Afrique a finalement pris le train des fonds souverains en marche. Une «new trend» qui connaît une bonne dynamique sur le continent depuis les années 2000. Après plus d’une décennie d’existence, bien de chemins ont été parcourus par les pays qui ont vite compris l’intérêt de ces fonds, qui représentent une véritable locomotive pour l’investissement et la croissance de l’économie africaine. Aujourd’hui, le continent africain compte pas moins de 22 fonds souverains, selon des statistiques de la Banque Africaine de Développement (BAD). A fin 2013, les fonds souverains africains géraient un total de 156 milliards de dollars, correspondant à 3% du total mondial des fonds souverains. En comparaison, ceux du Moyen-Orient, totalisaient 1880 milliards de dollars à la même période. Ainsi, pour faire un bilan du chemin parcouru et du potentiel, encore sous exploité en Afrique, le Groupe ISCAE a invité à Casablanca lundi dernier, dans le cadre de ses conférences thématiques, Uche Orji, PDG du fonds souverain du Nigéria. Ce dernier a, donc, saisi l’occasion pour dresser le tableau de ces fonds, qui ont désormais le vent en poupe sur le continent. Il s’est surtout focalisé sur l’exemple du Nigéria qu’il connaît très bien. Uche Orji a notamment pointé du doigt les interférences politiques comme l’un des principaux challenges auxquels il a dû faire face dans le cadre de ses fonctions. Des interférences qui peuvent parfois bloquer certaines décisions importantes. Un autre défi concerne la recherche des compétences adaptées.
Opportunités
Pour le cas nigérian, Uche Orji a fait savoir qu’en plus des cadres locaux, il a fallu faire appel à plusieurs compétences à l’international pour pouvoir démarrer. Il y avait également beaucoup de réticences de la part des politiques, étant donné que le Nigéria avait déjà tenté une expérience dans le passé qui s’est soldée par un échec. Grâce à sa bonne gestion et à ses investissements diversifiés, le fonds souverain nigérian est dans une bonne dynamique, et son importance est plus que jamais une réalité, à peine 5 ans après sa création. « Il a fallu du temps pour arriver à convaincre les gens. Je me rappelle au début, dans certains États du Nigéria qui est un pays fédéral, certaines autorités ne voulaient même pas entendre parler de nous. Mais, aujourd’hui, on n’a plus besoin d’aller vers elles pour les convaincre, dans la mesure où elles ont fini par comprendre les enjeux», explique Uche Orji. En effet, il faut dire que les performances du fonds souverain nigérian, qu’il dirige, sont bonnes. En 2015, ses actifs ont bondi de 20% pour s’établir à 1,7 milliard de dollars. Le PDG du fonds a aussi fait remarquer que la mise en place de fonds souverains s’avère, aujourd’hui, nécessaire pour les pays africains, et surtout pour ceux dont l’économie est intrinsèquement liée aux exportations des hydrocarbures (Nigéria, Gabon, Congo, Angola etc). Car, il devient impératif pour ces pays d’enclencher une diversification de leur économie, afin de pouvoir soutenir sa croissance à long terme. Ces fonds également, à travers leurs investissements dans le privé, sont une source de financement pour l’entrepreneuriat. Et c’est d’ailleurs pour cette raison que l’ISCAE a organisé cette rencontre, afin d’attirer l’attention de ses étudiants sur les possibilités qui pourraient être offertes, par ce genre d’instrument étatique, en termes de soutien financier pour faire aboutir un projet entrepreneurial.