Dans une approche interactive, privilégiant l’esprit de partage et d’échange constructif, Monsieur Ahmed Réda Chami, Président du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE), a animé une conférence sur le thème brûlant d’actualité « Quel nouveau modèle de développement pour le Maroc ? », le Mercredi 27 Mars 2019, à l’ISCAE-Casablanca.
Monsieur Ahmed Réda Chami a été nommé par sa Majesté le Roi Mohammed VI, en décembre dernier, Président du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE). Monsieur Chami est ingénieur de l’Ecole Centrale de Paris (promotion 1985) et titulaire d’un MBA de UCLA (promotion 1989). Il a occupé plusieurs postes de responsabilité, en l’occurrence, celui de Ministre de l’Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies de 2007 à 2011 et d’Ambassadeur du Royaume du Maroc auprès de l’Union Européenne à Bruxelles de 2016 jusqu’à sa récente nomination en tant que Président du CESE.
Pour rappel, le Conseil Economique, Social et Environnemental est une institution constitutionnelle pluraliste dotée de missions consultatives auprès du gouvernement et du parlement, qu’il s’agisse des orientations générales de l’économie nationale et du développement durable, des différentes questions à caractère économique, social et environnemental, ou de l’analyse de la conjoncture et du suivi de l’impact des politiques économiques et sociales nationales, régionales et internationales. Les 105 membres qui siègent au conseil, représentent différentes parties de la société civile (syndicats, patronat, ONG), experts nommés par sa Majesté le Roi et institutionnels ; ce qui favorisent l’émergence d’une intelligence collective dans une approche participative.
Sur la thématique particulière à l’ordre du jour, « Quel nouveau modèle de développement pour le Maroc ? », le format d’intervention de Monsieur Chami a permis aux étudiants d’exprimer leurs avis et perceptions des réalisations du Maroc au courant des vingt dernières années et sur les leviers d’un nouveau modèle de développement. En effet, la jeunesse marocaine, qui doit être perçue comme une solution et non comme un problème, est investie de l’importante mission de contribuer à la transformation de son pays, en intégrant les évolutions externes autant que celles vécues en interne. Sur le plan externe, des mutations profondes se dessinent avec la montée du protectionnisme, l’impact du changement climatique et les implications d’une révolution digitale porteuse à la fois d’opportunités et de risques, à l’ère de l’intelligence artificielle et de la « Blockchain ». Sur le plan interne, le niveau des performances économique et sociale, en décalage avec des attentes de plus en plus élevées et pressantes, questionne l’efficacité de notre système éducatif.
Autrement dit, la question d’un nouveau modèle de développement pour notre pays nous interpelle tous, et dans une large mesure, les établissements de l’éducation, de la formation et de l’enseignement supérieur.
En effet, le discours de sa Majesté le Roi Mohammed VI, prononcé au parlement à l’occasion de l’ouverture de l’année législative en octobre 2018, avait posé les bases d’une feuille de route pour un nouveau modèle de développement au Maroc. Sa Majesté avait aussi insisté, lors de son discours du 20 Août 2018, sur la nécessité de placer les questions de la jeunesse au cœur du nouveau modèle de développement.
Les orientations royales et les discours officiels accordent ainsi une grande importance aux questions de l’emploi, de l’enseignement, de la formation professionnelle, comme préalables pour améliorer les conditions de vie des citoyens en général et des jeunes en particulier. Ces points, en étroite liaison avec le développement du capital humain, sont au cœur des préoccupations actuelles.
Lors de son intervention, M. Chami, avait commencé par préciser la teneur de certains termes clés. « Modèle de Développement » renvoie aux choix stratégiques définis par un gouvernement, matérialisés à travers des politiques publiques. Lorsque l’on parle de développement, celui-ci doit également être équilibré et intégrer les aspects économiques, sociaux et environnementaux. Il s’agit d’un projet à long terme, qui doit être inclusif et participatif. Le terme « Nouveau » renvoie à l’idée de rupture, d’efficacité tenant compte des impératifs de croissance et d’égalité sociale, aussi bien que des tendances au niveau mondial, avec une certaine résilience par rapport à des évolutions qui dépassent les décideurs. Or, prôner la nouveauté ne signifie pas abandonner tout ce qui est ancien, puisqu’il y a des acquis sur lesquels il est possible de capitaliser, tout en reconnaissant les limites du modèle préconisé jusqu’à présent.
C’est ainsi que le conférencier a fait ressortir des paradoxes de la situation actuelle, notamment avec des investissements élevés mais une croissance économique de moindre envergure et un taux de chômage important, un revenu moyen par habitant en amélioration mais des inégalités qui continuent à se creuser, ou encore une démocratie en construction mais un manque de confiance dans les corps intermédiaires de représentation. D’où effectivement la nécessité d’un nouveau modèle, un projet sur lequel tout marocain devrait s’exprimer.
Dans cette perspective, le CESE se propose d’adopter une démarche de consultation citoyenne parallèlement au recours aux experts, sur des thématiques qui pourraient être la matière première pour poser les jalons d’un nouveau modèle de développement. Ceci en ayant également recours à des études faites par le CESE, utilisant des concepts et indicateurs pertinents, ainsi que les paradigmes actuels tels que l’industrie 4.0, l’économie bleue, l’économie verte, la création d’entreprises et la régionalisation.
Les idées qui émergent de ces différents types de consultations alimentent la réflexion sur un nouveau modèle de développement, autours des axes suivants :
-Une croissance économique basée sur la densification du tissu productif et la PME, ainsi que l’intégration aux chaînes de valeurs mondiales ;
-Un pacte social fondé sur un regain de confiance, de patriotisme, de resserrement des liens sociaux et de renforcement de la solidarité à travers la protection sociale ;
-Un développement du capital humain qui repose sur l’innovation pédagogique, l’autonomisation de l’apprenant et la formation à vie « Lifelong Learning » ;
-Une participation plus importante de la femme dans l’économie ;
-Un développement différencié des territoires, selon leurs spécificités et atouts ;
-Une véritable prise en compte des impératifs de développement durable liés au changement climatique en l’occurrence.
Tout ceci en améliorant le système de gouvernance, à travers la responsabilisation, la transparence et la reddition des comptes.
L’un des moments forts de cette rencontre a été le questionnaire en ligne, traité séance tenante et les résultats partagés qui ont confirmé l’importance des axes de développement précédemment cités.