«Les objectifs de notre projet de développement 2020, nous les avons déjà atteints, et même dépassés», relève la directrice générale de l’ISCAE, Nada Biaz. Son mandat à la tête de l’école s’achève en décembre prochain.
Perfectionniste et déterminée, elle a tout fait pour mobiliser ses troupes, les impliquer dans son projet d’établissement et les motiver. Elle a d’ailleurs réussi, avec son équipe, l’exploit d’introduire un organigramme du personnel administratif, après des années de négociation. Peu d’établissements publics en possèdent un.
«C’est un acquis important pour la reconnaissance et la valorisation des responsabilités. Notre devoir est de permettre aux talents de s’exprimer et de se développer, dans le cadre d’une organisation apprenante», insiste Biaz.
Sa touche à la tête de l’ISCAE est sans doute celle de l’ouverture à l’international, afin de faire apparaître la business-school publique sur les radars des grandes écoles et universités dans le monde. Dans quelques jours, elle s’envolera à Vancouver, afin d’assister à la conférence des doyens de l’AACSB, l’un des plus importants organismes internationaux d’accréditation, du 10 au 12 février.
Elle y présentera le modèle de son école devant plus de 600 doyens et directeurs d’établissements de l’enseignement supérieur du monde entier. Une chance inouïe de visibilité. Biaz vient également d’intégrer l’advisory board de l’école française triplement accréditée, Neoma business school. Ses efforts en networking à l’étranger commencent donc à porter leurs fruits.
Sur les trois dernières années, le nombre de conventions internationales de l’ISCAE a presque doublé, passant de 41 à 73. Les iscaistes en échange à l’international sont plus nombreux (516). Pareil pour les étudiants accueillis en échange sur ses campus, dont l’effectif a été multiplié par deux, pour atteindre 188. Une prouesse. Ceci n’aurait pas été possible sans «l’english path», un programme d’apprentissage par alternance des langues. 40% des cours sont désormais dispensés ou traduits en anglais.
Une équipe a, en outre, été dédiée à l’amélioration des conditions d’accueil et à l’accompagnement des étudiants internationaux. Une version anglaise du site de la business-school a été développée. Sa newsletter a aussi été traduite dans la langue de Shakespeare et diffusée auprès des partenaires. Cette année, pour la première fois, sa summer-school sera ouverte aux étudiants du monde entier, et non plus seulement aux Canadiens.
L’ISCAE s’inscrit résolument dans l’ère du temps. Wifi généralisé sur ses campus, du blended learning (en présentiel et à distance), des cours conçus selon l’approche par compétence… L’école s’approprie même les débats à la mode dans la sphère des business-schools à l’international, comme la «disruption à l’heure du post digital» et «la création d’impact» via les enseignements dispensés et les recherches et productions intellectuelles. Le prochain séminaire résidentiel pour les profs en mars prochain sera dédié à ces deux thématiques, en présence d’intervenants internationaux.
Pour son développement futur, l’école se concentre sur plusieurs axes, dont la valorisation de son capital humain, la recherche appliquée et la production d’études de cas locaux, l’entrepreneuriat et l’incubation d’entreprises… Après l’AMBA, d’autres accréditations internationales sont ciblées (EQUIS, AACSB…).
«C’est un projet structurant ambitieux qui nécessitera beaucoup de temps et de moyens. Pour le moment, nous nous focalisons sur la préparation des prérequis, dans une optique d’amélioration continue», précise Nada Biaz.
Bien entendu, l’ISCAE ne perdra pas de vue son positionnement en Afrique, en attirant de plus en plus d’étudiants africains, mais aussi en procédant à un transfert de compétences à travers l’ISCAE-Guinée.
«Les entreprises doivent co-créer les profils de demain»
Fini le temps où les entreprises étaient en marge du système d’enseignement et de formation. Elles sont aujourd’hui fortement sollicitées pour contribuer à la production de compétences, puisqu’elles en sont les principales clientes. «Les entreprises sont appelées à participer à la co-création de la connaissance et des profils des managers de demain, aussi bien à travers l’encadrement et le parrainage d’étudiants que par le sponsoring, les dons, le financement de la recherche et de la production d’études de cas locaux,… la responsabilité est partagée», souligne Nada Biaz. «La synergie école-entreprise-recherche est fondamentale dans l’exercice de notre mission», insiste-t-elle.
Ahlam NAZIH